Pourquoi se marier ?

Publié le par Edouard Coste

Pour beaucoup d’entre nous le mariage est une réalité du quotidien pour d’autre il s’agit encore d’un idéal, d’un rêve ou d’une étape incontournable tout comme le serait celle de travailler ou d’avoir des enfants.

Mais pourquoi se marie-t-on ? Et pour un minimaliste est-ce plutôt une bonne chose ou au contraire un handicap dans son évolution ?

Tout d’abord il s’agit de préciser que le mariage n’est plus de nos jours une quelconque assurance vie permettant de ne pas finir seul et abandonné en cas de coups durs, ou lorsque nous serons vieux, ce qui était le cas pour nos grands-parents. Le divorce étant aussi répandu que le mariage nous ne pouvons plus affirmer qu’il apporte la moindre sécurité. Malgré tout aux yeux de ceux qui le pratique au quotidien ou qui le souhaitent, le mariage reste utile pour exprimer un amour plus fort que ceux vécus avant d’avoir rencontré son mari ou sa femme ; pour démontrer à son partenaire un réel engagement sur le long terme ; pour montrer à son entourage et à soi-même que l’on est capable de construire une vie sentimentale épanouie, sereine et durable ; pour épouser les codes d’une famille ou d’un clan et ainsi ne pas en être exclu. Il peut aussi être synonyme d’engagement à connotation religieuse pour les croyants, qui pour certains s’interdiraient de vivre une relation hors mariage. Les raisons pour le mariage sont encore nombreuses cependant elles correspondent davantage à un besoin de se rassurer ou de rassurer, bien plus qu’à un contrat moral liant deux personnes (voir deux familles) dans un grand projet commun mais aussi dans l’adversité. En effet l’amour autrefois n’était pas obligatoirement le ciment du couple marié mais de nos jours il l’est devenu. L’amour est ainsi la seule et unique raison valable et nécessaire pour célébrer et vivre un mariage « réussi » à l’heure de notre société consumériste. Or la conséquence d’un mariage qui n’est plus que basé sur un sentiment volatile mais avant tout éphémère, est que ce sacrement devient à son bref dans le temps. Ainsi l’expression de cette furtivité passe soit par un divorce ou ce qui se voit moins facilement par le fait de vivre une vie enfermée dans une relation terne, ennuyeuse, frustrante voir angoissante.

Les statistiques sont implacables puisque près d’un mariage sur deux fini par un divorce. Et ici nous ne connaissons pas les statistiques des personnes restant mariées qui ne s’aiment plus et qui vivent en souffrance à côté d’une personne qu’elles préféreraient ne plus voir. Nous pouvons en déduire facilement que bien peu de couples mariés sont heureux après quelques années. Les statistiques sur la qualité des divorces n’existent pas non plus, mais il est facile d’affirmé que 9 divorces sur 10 sont pénibles voir très difficile à encaisser. Bien souvent il s’agit d’une guerre psychologique et financière où chacun cherche à pourrir la vie de l’autre pour apaisé son égo meurtri par cet échec cuisant pour les deux partis.

Alors que penser de ces statistiques ? Tout simplement que le mariage est une pur folie ! Imaginez que l’on vous explique que la route de montagne que vous souhaitiez prendre est très sinueuse et dangereuse et que le risque de finir dans le fossé est d’une probabilité de 3 sur 4, vous n’avez alors qu’une chance sur 4 de vous en sortir sain et sauf. Prendriez-vous le risque de vous y aventurer sachant que rien ne vous y oblige et que d’autres routes existent pour poursuivre votre chemin ? J’en doute. Le mariage c’est exactement la même probabilité, à peu de chose près, d’en sortir heureux. Or lorsque les futurs mariés foncent à la mairie ils oublient d’analyser d’une façon pragmatique leurs vrais risques et finissent par engager leur vie sur une décision purement émotionnelle. Ces choix uniquement basés sur des émotions sont les pires décisions que nous pouvons prendre, celles coupées de la réalité des faits stricto sensu. Car même si les gens connaissent les risques et leurs probabilités en les aillant vu se réaliser autour de soi, ils se sentent immunisés contre cette fatalité des chiffres, et pour les moins aveuglés par ce masque amoureux ils prendront le parti pris que leur divorce se passera bien ou qu’il sera supportable.

J’entends ceux qui diront qu’ils se connaissent parfaitement et qu’ils peuvent affirmer que jamais au grand jamais ils ne seront à l’initiative d’une telle rupture et qu’ainsi le mariage peut être aussi solide que du roc, mais ces derniers bien qu’ils puissent maitriser leurs pensées et leurs sentiments, ne pourront le faire pour leur douce moitié. Il est là aussi évident que nous ne maitriserons que très mal notre environnement (voir l’article : http://www.minimalisme.ch/marc-aurele) et encore moins notre mari ou notre femme. Pire vouloir maitriser un mariage sur une longue durée devient d’autant plus compliqué que le temps minimise nos chances d’y parvenir en redistribuant souvent les cartes aux grés des impondérables. Il faudra dès lors constamment improviser et corriger le tir pour tenir le cap initial.

Alors oui c’est le propre de l’Homme de croire à l’impossible et un grand nombre d’entre nous sont parvenus à avoir un mariage exceptionnel et à en retirer un bonheur immense, mieux beaucoup d’autre y parviendront. Mais avons-nous besoin d’être marié pour vivre un amour immense et une belle relation sentimentale ? Dans nos pays occidentaux plus besoin de mariage pour vivre de telles histoires d’amour. Le regard de la société est bienveillant sur ces couples vivant en concubinage et ayant aussi des enfants pour beaucoup. De nos jours en Europe il n’y a plus de tabous à vivre sous un même toit sans être détenteurs d’une alliance.

C’est pourquoi pour un minimaliste le mariage est ni plus ni moins qu’une ineptie, car en bon minimaliste nous analysons nos chances de réussite et d’échec avant de foncer tête baissée dans un grand projet. Pire le mariage peut devenir dans certain cas une paire de menottes nous attachant à une relation dont nous voudrions qu’elle cesse rapidement. Cette union enregistrée légalement devient alors une privation de liberté. Or le minimalisme c’est d’avoir le minimum vital à notre bonheur de rester libre de nos mouvements et de nos actes et surtout d’éviter toutes fioritures inutiles et couteuses et en ce sens le mariage en fait partie.

Les objecteurs de conscience et les donneurs de leçons objecteront que la vie n’est pas à voir au travers du prisme des statistiques et que l’Amour ne se quantifie pas et que c’est le propre de l’Homme de vivre aux travers de ses émotions et d’assouvir ses désirs quitte parfois à vivre de cuisants échec. Nous pouvons leur donner raison sur le fait que la vie n’est pas à vivre au travers des chiffres mais qu’il faut rester un minimum prudent pour espérer vivre vieux et qu’il faut savoir distinguer entre écouter ses émotions et assouvir bêtement ses désirs sans entrevoir ou ceux-ci nous conduisent ?

Donc vivez à deux, vivez heureux mais vivez en concubinage et très loin du mariage !

(A toute fin utile nous pourrions préciser que cet article est d’autant plus vrai pour les hommes que pour les femmes. En effet le système actuel favorise toujours les femmes lors d’un divorce et contraint encore bien trop souvent les hommes à devoir subir les revers moraux et les coûts financiers d’un divorce. A l’inverse les femmes courent moins à leur perte en se mariant car pour elles le divorce est moins douloureux, il peut même être lucratif !)

Edouard Coste

FB : minimalisme.ch et Edouard Coste

Publié dans Société

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